Bonjour,
Ce trimestre, c’est une vidéo ! (12 minutes 48)
Mon activité
Préparation Promo 2 - Leaders entreprises familiales
Accompagnements d’équipes - Teams & Wings / Gouvernance
Accompagnements individuels - Discernement
Pro Bono - Iffeurope
Mes inspirations
Leaders
Livres
Films
Bon été à chacune et chacun !!!
Laurent
Les choses se sont tellement aggravées que l’espoir devient à nouveau possible.
Maurice Bellet
Liens vers les œuvres évoquées
N'oublie pas les chevaux écumants du passé, Christiane Singer et bien sûr, je vous recommande de visionner ce long interview de cette femme lumineuse !
Le monde d’hier, S. Zweig > deux extraits
D’un coup, la génération d’après-guerre s’émancipait brutalement de tout ce qui avait prévalu jusque-là et tournait le dos à toute tradition, résolue à prendre elle-même son destin en main, se détournant des vieilleries du passé et sautant d’un seul élan dans l’avenir. C’était un monde absolument nouveau, un ordre absolument différent qui devait commencer avec elle; et bien entendu, tout cela commença par de furieux excès. Tous ceux ou tout ce qui n’était pas du même âge paraissait pour périmé. […] Dans les écoles, on mit en place sur le modèle russe, des conseils d’élèves qui surveillaient les professeurs, le “programme” fut aboli car les enfants ne devaient et ne voulaient apprendre que ce qui leur plaisait. On se révoltait contre toute forme établie par pur plaisir de la révolte, y compris contre la volonté de la nature, contre l’éternelle polarité des sexes. Les filles se faisaient couper les cheveux, et si court qu’avec leur coiffure “à la garçonne” on ne parvenait plus à les distinguer des vrais garçons, les jeunes gens, de leur côté se faisaient raser la barbe pour paraître plus féminins, l’homosexualité et le le lesbianisme devinrent la grande mode, non par penchant intime mais pour protester contre les formes traditionnelles, légales, normales de l’amour. Tout mode d’expression de l’existence s’efforçait de jouer la carte de l’extrémisme et de la révolution, l’art comme les autres, bien entendu. La nouvelle peinture déclara périmé tout ce que Rembrandt, Holbein et Velasquez avaient créé et se lança dans les expériences cubistes et surréalistes les plus folles. Partout on proscrivait l’intelligibilité, la mélodie en musique, la ressemblance dans le portrait, la clarté dans la lange. Les articles “le” “la” “les” furent supprimés, la construction de la phrase culbutée, on écrivait en style ““abrupt” et “aguicheur”, en style télégraphique, avec de bouillantes interjections, et d’ailleurs toute littérature qui n’était pas militante, c’est-à-dire n’échafaudait pas de théorie politique, atterrissait dans la poubelle.
pp. 393-394
Immédiatement après l’incendie du Reichstag, je dis à mon éditeur que c’en serait bientôt fini de mes livres en Allemagne. Je n’oublierai jamais sa stupéfaction. “Qui irait interdire vos livres ?” dit-il à l’époque, en 1933, encore estomaqué. “Mais vous n’avez jamais écrit un mot contre l’Allemagne et ne vous êtes jamais mêlé de politique.” On le voit : toutes les monstruosités du genre bûchers de livres et fêtes du pilori, qui allaient devenir des réalités quelques semaines plus tard, étaient encore inconcevables, un mois après la prise du pouvoir par Hitler, y compris pour des gens qui voyaient loin. Car le national-socialisme, avec sa technique de l’imposture sans scrupule, se gardait de montrer toute la radicalité de ses visées avant qu’on eût endurci le monde. Il appliquait donc sa méthode avec prudence : jamais plus d’une dose et après la dose une petite pause. On n’administrait jamais qu’une pilule à la fois, après quoi on attendait un instant pour voir si elle n’avait pas été trop forte, si la conscience universelle supportait encore cette dose. […] Hitler n’a rien inventé de plus génial que cette tactique consistant à tâter précautionneusement le terrain et à augmenter progressivement les doses face à une Europe moralement et militairement affaiblie.
pp. 475-476
La Promesse > un extrait
[Note : L’épisode se situe au début de la cohabitation avec E. Balladur]
Dans le choc de la défaite et dans l’aurore radieuse du pouvoir naissant, les comportements extérieurs ont connu une mutation soudaine. Y compris chez certains anciens de l’Élysée partis sous d’autres cieux. […] Les fidèles sont une espèce en voie d’extinction. Bizarre de se réveiller proscrite.
J’en parle à François Mitterrand. Cela le fait sourire :
“Et cela vous étonne ?
- Franchement, oui.
- Moi, pas du tout. Il vous reste à apprendre sur la nature humaine. Les hommes sont lâches et conformistes, surtout parmi les élites. Même lorsque les périls sont limités… Alors vous pouvez imaginer après une défaite comme celle de 1940 et l’occupation allemande.”
p. 244
Merci Laurent pour ta lettre et tes nouvelles . Bravo pour toutes tes activités et lectures toujours enrichissantes. Au plaisir de se revoir un de ces jours quand je viendrai chez ma fille près d'Angers.
Daniel Belet